Spécialiste de l’éclairage devenu conglomérat industriel, Philips se rêve maintenant acteur mondial de la medtech.
Né en 1891 à Eindhoven et spécialisé dans l’éclairage (les frères Anton et Gérard Philips ont commencé en produisant des lampes à filament), Philips est encore connu aujourd’hui essentiellement pour ses appareils électroniques. L’entreprise s’est pourtant séparée depuis une dizaine d’années de toutes ses anciennes activités pour devenir un acteur mondial des technologies médicales, en concurrence avec General Electric et Siemens, mais aussi google ou apple.
Jusqu’à récemment, le groupe était encore un conglomérat avec des divisions assez éclatées : 10 en 2001 (dont NXP, division de semi-conducteurs, cédée en 2006), 3 en 2011 (éclairage, électronique grand public, appareils médicaux), avec des produits tous azimuts (téléviseurs, rasoirs, casques hi-fi, lampes à économie d’énergie, scanners médicaux, etc.).
Logo (blason) de Philips de 1938 à 1968
Logo (blason) de Philips de 1968 à mars 2008
Logo (blason) de Philips de mars 2008 à novembre 2013
Logo (blason) actuel depuis novembre 2013
Logo (typo) actuel de Philips depuis mars 2008
Évolution du logo
C’est en 2011 que le virage stratégique s’opère, avec l’arrivée de Frans Van Houten à la tête du groupe, avec un recentrage à 100% sur les activités médicales et la santé, dans lequel le groupe est déjà engagé depuis quelques années. A cette date, la télévision ne pèse plus que 10% de l’activité globale (contre 25% 5 ans plus tôt), l’audio-vidéo voit ses marges s’effondrer et les bénéfices de l’éclairage (27% du CA) s’érodent aussi.
La production des téléviseurs est alors revendue au hongkongais TPV (déjà fournisseur de dalles LCD), même si la propriété de la marque est conservée (TPV reverse 2,2% de ses ventes en royalties). La hi-fi, les accessoires audio et les lecteurs DVD sont vendus aussi sous licence à Gibson (célèbre fabricant de guitares en quête de diversification).
La branche Eclairage sera quant à elle externalisée en février 2016 pour devenir une entreprise totalement distincte (sous l’enseigne Philips Lighting, puis Signify depuis 2018).
Aujourd’hui le groupe réalise la totalité de ses 18 milliards de CA dans le secteur médical, mais souhaite continuer de développer la branche soins du corps, qui cible plutôt les particuliers et celle des techniques d’aide au diagnostic et au traitement, visant les milieux médicaux. La branche informatique (20% du CA) absorbe près des 2/3 des budgets de recherche (conception de moniteurs capables de prévoir plusieurs heures à l’avance une éventuelle défaillance cardiaque pour assister des personnels hospitaliers souvent débordés), avec la volonté d’être véritablement partie prenante du monde médical.
Philips est déjà implanté depuis de longue date dans les hôpitaux avec ses appareils professionnels (monitoring, contrôle cardiaque, assistance respiratoire). Dès 1918, Philips présentait son premier tube à rayons X. Le healthcare représente en 2015 45% des ventes. Même la branche petit électro-ménager s’inscrit dans cette direction bien-être, en privilégiant les produits de soins (épilateurs, sèche-cheveux…) et de santé (dentaire, puériculture, traitement de la douleur). D’où la création de la division Philips HealthTech. En associant son expertise médicale et sa maîtrise des objets connectés, Philips, qui anticipe la convergence des mondes professionnels et grand public dans la santé, estime pouvoir prendre soin de la beauté et du bien-être de 3 milliards d’individus à l’échéance 2025.
A noter que les 2 principaux concurrents, GE et Siemens, ont quant à ceux cédé leur branche électroménager, GE à Haier et Siemens à Bosch.
Philips intervient donc à tous les stades, de la prévention aux soins à domicile, en passant par le diagnostic et les traitements. D’où le développement, par exemple, d’une montre connectée mesurant la fréquence cardiaque et la qualité du sommeil, un tensiomètre, un pèse-personne intelligent, un thermomètre auriculaire ou une brosse à dents pédagogique pour enfants, le tout connecté via une appli à la HealthSuite Digital Platform.
En développant, d’une part des produits, et, d’autre part, des algorithmes assez puissants pour interpréter les données relevées par un tensiomètre ou une balance, Philips a peu à peu fait évoluer sa raison d’être : améliorer la qualité de vie des gens et leur permettre de prendre en main leur santé. Même si cela apparaît clairement comme une transformation profonde de l’entreprise, cela fait quand même appel aux même ressorts fondateurs : depuis l’origine, la savoir-faire de Philips a été s’investir en R&D pour être à la pointe sur les marchés les plus porteurs.